Confusions
J'ai pas inventé la foudre mais j'ai d' la fuite dans les idées.
Je donne du foin à moudre aux amoureux du français.
Je me souviens quand j'étais mioche, y avait déjà anguille sous cloche.
Les mots s' basculaient dans ma tête, c'était la fête dans ma caboche.
C'est pas bien grave si je confonds les expressions,
Y a pas d' quoi en traire un fromage.
Si d'aventure vous vous moquez de mon français,
J' vous préviens y aura d' l'eau dans l' vase.
A l'âge de 17 ans et demi, j'ai croisé Emilie.
C'était un matin de septembre, j'avais des souris dans les jambes.
Quand j' lui ai dit qu' j'avais envie de tremper mon frisbee,
Elle m'a foutu une claque, j'en ai eu gros sur la matraque.
C'est passager si je confonds les expressions,
Je vais r' mettre les compteurs à Zorro.
Si d'aventure vous vous moquez de mon français,
Je monterai sur ma 2 chevaux.
Plus tard j'ai rencontré Huguette, je la voulais pour femme.
Elle prit la poudre d'Espelette quand j' lui ai déclaré ma flamme.
J'en ai marre d'essuyer les pâtes, de m' mettre la rate au tourbillon,
Les mots c'est mon talon d'Emile, il faut vraiment que j' prenne des leçons.
J'ai pris des cours, ça m'a coûté pas mal de blé,
mais le ch' veu en vaut la chandelle.
Et désormais, j' suis à l'abri des confusions,
J' peux dormir sur mes deux orteils.
J'ai pris des cours, ça m'a coûté beaucoup d' pognon,
mais le p' neu en vaut la chandelle.
Et désormais, j' suis à l'abri des confusions,
J' peux courir sur mes deux oreilles.
Homo Smartphonicus
On le voit pianoter à longueur de temps
Le visage illuminé par un tout petit écran
On voit ses deux pouces danser la valse à mille temps
Et ses deux mains s'agiter comme prises dans un ouragan.
On le voit baisser la tête dès qu'il se promène
Jamais il ne s'inquiète de voir où ses pas le mènent
On l'aperçoit divaguer sur la voie piétonne
L'attention accaparée par son précieux téléphone.
Homo smartphonicus, tu vas te prendre un bus
Si tu ne te méfies pas de ce qui passe devant toi
Homo smartphonicus, tu vas te prendre un mur
Si tu n' regardes pas plus haut que tes chaussures.
On l'a vu photographier un poireau vinaigrette
Comme si il s'agissait d'un tableau de grand maître
On l'a vu partager la photo sur internet
Comme si l'on s'intéressait au contenu de son assiette.
Homo smartphonicus, tu vas rater ton bus
Si à chaque fois que tu becquettes tu préviens la planète
Homo smartphonicus, personne ne t'en voudra
Si tu ne filmes pas chacun de tes repas.
J'ai appris le décès de l'homo smartphonicus
Il a fini écrasé sous les pneus d'un autobus
Sur sa tombe j'ai déposé le plus beau des hibiscus
Et j' continue à chanter, j'ai encore des rimes en us.
Homo smartphonicus, là-haut si tu m'entends
Assis sur ton stratus, je suis compatissant
Homo smartphonicus, je soutiens mordicus
Que sans ton téléphone tu serais toujours vivant.
Uber Chanteur
J'étais un chanteur en galère qui ne gagnait pas de pognon.
Un jour de grâce j'ai découvert l'application Uber Chanson.
Enfin l'horizon s'est ouvert, j'ai dit « fini d'être précaire !»
Je suis micro-entrepreneur pour le pire et pour le meilleur.
Il est cinq heures, Paris s'éveille, une bonne soeur n'a plus sommeil.
Elle en pince pour Jacques Dutronc, je saute dans mon pantalon.
Ensuite je file à Montfermeil, des insomniaques réclament du rap.
Je mets ma guitare au placard, ma clé USB dans mon sac.
Après je trace à Montparnasse, un brestois veut des chants bretons.
Je fonce sous un temps dégueulasse, la tête dans le guidon.
Mon prénom c'est Hubert, je suis Uber Chanteur,
Où que vous soyez, je peux venir vous chanter
Un couplet, mineur, un refrain majeur,
Une guitare dans le dos, à toute heure sur mon scooter.
A 12h30 dans la cantine de l'école maternelle Dolto,
Je déclame quelques comptines pour une quarantaine de marmots.
Dans l'restaurant d'une entreprise, à la demande du CE,
Affamé, j'enchaine les reprises devant l'personnel malheureux.
J'ai une demande de St Cloud, d'un nostalgique des chants nazis.
Je réfléchis, je reste flou, j'lui dit que je suis pris.
Mon prénom c'est Hubert, je suis Uber Chanteur,
Où que vous soyez, je peux venir vous chanter
Un couplet, mineur, un refrain majeur,
Une guitare dans le dos, à toute heure sur mon scooter.
L'après-midi, porte de Choisy, avant là-bas j'étais honni.
Depuis que je chante en chinois, on m'accueille sous les hourras.
En haut de la butte Montmartre, on veut du Benjamin Biolay.
Je monte les marches quatre à quatre, je peux chanter même essoufflé.
Puis dans l'seizième arrondissement, on m'sollicite pour une cantate,
J'enfile ma veste et ma cravate, dans tous les cas j'm'adapte.
Mon prénom c'est Hubert, je suis Uber Chanteur,
Où que vous soyez, je peux venir vous chanter
Un couplet, mineur, un refrain majeur,
Une guitare dans le dos, à toute heure sur mon scooter.
Il est 4 heures du matin, j'ai plus de voix, je suis rincé,
Je fais le bilan du butin amassé pendant ma journée.
J'ai gagné 13,50 €, c'est peu mais il faut que je rentre.
Je déconnecte mon téléphone, d'façon je suis aphone.
Mon prénom c'est Hubert, j'étais Uber Chanteur,
Un jour j'ai révé, d'une vie sans précarité,
Un monde de bonheur, une vie de douceur,
Une douleur dans le dos, j'attends mon Uber Kiné.
La Main de votre Femme
Monsieur je vous écris ce message les mains moites
L'affaire est délicate
Vous saurez, je l'espère, vous montrer bienveillant
Vous me voyez épris d'un être qui vous est proche
Certains me le reproche
Heureux qui sait faire fi de la sentence des gens
J'ai rencontré la douce un matin de septembre
Le souvenir est tendre
je l'ai vue égarée qui cherchait son chemin
Bon prince j'ai couru au secours de la dame
Lui ai ouvert mon âme
Et transi lui ai dit: « Votre chemin est le mien! »
Monsieur je vous demande la main de votre femme
Nul doute, à son allure, qu'elle est un bon parti
De cette étrange requête ne faites pas un drame
Je serai, je le jure, un bien meilleur mari
Depuis ce jour tous deux pratiquons l'adultère
C'est un art bien précaire
Qui, je vous le confirme, offre peu de répit
De buissons dégarnis en tristes maisons de passe
Ce bel amour se cache
Lui qui n' demande qu'à grandir aux yeux d'autrui
Monsieur je vous demande la main de votre femme
Nul doute, à son allure, qu'elle est un bon parti
De cette étrange requête ne faites pas un drame
Je serai, je le jure, un bien meilleur mari
Sans doute éprouvez vous une once de défiance
Un brin de réticence
Mais je vous en conjure, changez de point de vue
A cet obscur non-dit, préférez un amour
Qu'on célèbre au grand jour
Convenez qu'il vaut mieux être divorcé que cocu
Monsieur je vous demande la main de votre femme
Nul doute, à son allure, qu'elle est un bon parti
De cette étrange requête ne faites pas un drame
Je serai, je le jure, un bien meilleur mari
Monsieur je vous demande la main de votre femme
Si le coeur vous en dit vous serez mon témoin
De cette étrange requête ne faites pas un drame
Car de tous mes enfants je vous ferez parrain.
Le Prophète
Je suis persuadé d'avoir toujours raison
Je suis le seul à le penser, c'est con
Sur le grand altimètre de la certitude
Je culmine aux plus hautes altitudes
Ma femme m'accusait de rigidité
Du moins avant qu'elle ne décide de s'en aller
J'affirme que son départ est une absurdité
J'avais encore tant de choses à lui inculquer
Je suis le prophète
Je distille la vérité
Seul dans la tempête
De mes convictions je n'démords jamais
A mes parents je tenais tête faisant fi de leur âge
C'est p't-être pour ça que j'n'ai pas perçu d'héritage
Mes enfants me décrivent comme un père obtus
J'veux en débattre, mais bizarrement, je n'les vois plus
J'ai un p'tit perroquet qui me tient compagnie
Il m'est fidèle et jamais ne me contredit
Je suis le prophète
Je distille la vérité
Seul dans la tempête
De mes convictions je n'démords jamais
Le matin me rasant il m'arrive de penser
à tous les sots auxquels je me suis opposé
Et tout à coup ça y est, j'ai une révélation
J'ai p't-être eu tort d'leur montrer que j'avais raison
Je suis le prophète
Je distille la vérité
Seul dans la tempête
De mes convictions je n'démords jamais
C'est lui le prophète
Il distille la vérité
Seul dans la tempête
Je bannis le doute à jamais.
Le Caïd
Il avait la gâchette facile
Le verbe acerbe, l'allure mutine
Il s'était érigé en monarque du crime
Dans les bars du vieux port on s'en souvient encore
Il était vraiment pas bien né
Fils de l'ennui et du vin bon marché
Il aurait pu prétendre à plus de bienveillance
Dès la plus tendre enfance il rêvait de revanche
Un beau jour tout a basculé
Elle lui a dit: « mon vieux j'me casse »
Elle avait pas choisi un jour approprié
On quitte pas un caïd la veille d'un gros casse
Son sang une seule fois a tourné
Au nez la moutarde est montée
Comment ne pas punir pareille trahison?
On traite pas un caïd comme le dernier des cons
Poigne de fer, sourire militaire
Sur le corps, les traces d'un séjour en enfer
Un regard de tueur, des cuisses de catcheur
Une pierre en lieu et place du coeur
On l'a revu un peu plus tard
Après quelques heures de mitard
Il s'était fait la belle au nez de son maton
On ne tient pas longtemps un caïd en prison
Il est revenu aux affaires
Hold up, arnaques et vielles combines
Mais ces activités ne semblaient plus lui plaire
On voit des gros caïds souffrir de la routine
Poigne de fer, sourire militaire
Sur le corps, les traces d'un séjour en enfer
Un regard de tueur, des cuisses de catcheur
Une pierre en lieu et place du coeur
Un jour au crime il a mis fin
Il est même rentré dans les ordres
Il a sans doute reçu un message divin
Au caïd repenti ne jetons pas l'opprobre
Aujourd'hui pendant ses sermons
Il est parfois pris de pulsions
Il rêve de dépouiller ses fidèles pèlerins
On change pas un caïd du jour au lendemain
Poigne de fer, sourire militaire
Sur le corps, les traces d'un séjour en enfer
Un regard de tueur, des cuisses de catcheur
Une pierre en lieu et place du coeur.
J'hésite
J'avais un projet de chanson
Traitant de procrastination
Mais ne trouvant pas de refrain
Je l'ai remis au lendemain
J'avais un projet de pamphlet
Sur les méfaits d'l'indécision
J'ai fini par y renoncer
Après des mois d'hésitation
Depuis le début j'ai du mal
A m'imposer, me montrer ferme
Je suis né sous péridurale
Plusieurs semaines après le terme
J'hésite, j'évite, parfois même je lévite
Je diffère, je me perds, souvent même j'exaspère
J'ai trouvé la femme de ma vie
Sur les bancs de l'école Jules Ferry
Un jour j'ai osé lui parler
Trop tard elle s'était mariée
J'ai pas réussi à choisir
Un métier pour mon avenir
J'aime bien la vie de lycéen
Aujourd'hui je suis le doyen
J'ai noté sur plusieurs post-it
Ce que j'dois traiter au plus vite
Les post-it sont devenus posters
J'ai encore des efforts à faire
J'hésite, j'évite, parfois même je lévite
Je diffère, je me perds, souvent même j'exaspère
Mais pourquoi ferais-je aujourd'hui
Ce que j'ai reporté hier?
Comme s'il suffisait d'une nuit
Pour qu'enfin tout en moi s'éclaire
J'ai consulté un spécialiste
Un psy comportementaliste
Il avait l'air en pleine errance
Ca m'a tout d'suite mis en confiance
Il s'est montré fort sympathique
Et m'a exposé sa tactique
Pour cesser de procrastiner
Et m'aider à me décider
J'ai trouvé ça intéressant
Je vais m'y mettre mais pas maintenant
Je me sens pris par le sommeil
Et puis la nuit porte conseil.
La Conspiration
Vous me trouvez là bouleversé par l'effroyable confidence
D'un vieil ami bien renseigné, à mon tour je brise le silence
Ce libre penseur insoumis d'une incroyable d'érudition
M'a révélé, preuves à l'appui, l'existence d'une conspiration
Il m'a parlé de tours jumelles détruites pas la CIA
Tandis que la thèse officielle accable le vieil Oussama
Il m'a parlé d'hommes de pouvoirs et de ces sociétés secrètes
Qui délibèrent dans le noir pour se partager la planète
Il m'a décrit ces officines où l'on élabore des vaccins
assez nocifs pour qu'ils déciment des centaines de milliers d'humains
Sur ses conseils j'ai trouvé sage d'interdire la vaccination
De ma jeune fillette en bas âge: elle est morte des oreillons
Il m'a parlé de ces mouchards qu'on nous implante à la naissance
Afin que la caste au pouvoir nous tienne sous haute surveillance
D'un coup d'un seul j'ai couru, ni une ni deux je suis allé
Faire inciser toutes mes verrues, j'ai mal mais je suis libéré
Il m'a parlé d'la NSA et des écoutes téléphoniques
De ces pratiques hors la loi, franchement antidémocratiques
Pour éviter que l'on m'espionne j'ai trouvé la parade ultime
Désormais quand je téléphone, j'utilise le langage des signes
Il a cité les francs-maçons, le Grand Orient tentaculaire
Qui dans la plus grande discrétion dirigent la France d'une main de fer
J'ai licencié tous les maçons de la boîte dont je suis gérant
J'ai mis la clé sous l'paillasson, c'était une boîte de bâtiment
Puis il m'a dit que les Mayas avaient prédit la fin du monde
A trois reprises c'est vrai mais là, c'est sûr on va droit dans la tombe
J'ai rappelé tous les maçons que j'ai licenciés par erreur
Je leur ai confié la mission de me construire un p'tit bunker.
Un Homme, un Vrai
J'me suis pointé à la soirée
Un peu bourré, même pas rasé
J'avais la gueule enfarinée
Et l'haleine sacrément chargée
Je lui ai dit: « toi ma jolie,
Viens donc voir c'qui s'passe par ici,
Sûr qu'on t'a pas encore appris
Les plaisirs de la vie. »
J'crois qu'ça n'a pas plût à la belle
En réponse elle m'a mis une beigne
Puis elle s'est battue comme une teigne
Putain j'ai pris de ces châtaignes
Elle a enchaîné coup sur coup
Elle a même visé mes bijoux
J'ai dû prendre mes jambes à mon cou
Oh qu'il est dur d'être un homme, un vrai
Décidément le monde a bien changé
J'me suis r'trouvé à l'hôpital
L'oeil tuméfié et le teint pâle
L'infirmière était pas trop mal
Je lui ai fait mon récital
Elle m'a regardé fixement
Elle a déchiré mes pansements
Puis m'a dit de foutre le camp
Oh qu'il est dur d'être un homme, un vrai
Décidément le monde a bien changé
Un peu plus tard j'vais chez les flics
Me plaindre de violences physiques
A l'adjudante un peu rustique
J'fais des avances pas catholiques
Putain qu'est ce que j'ai pas fait là
Elle m'a collé une gauche au foie
Puis m'a j'té du commissariat
Comme un vieux scélérat
En face des flics il y a un bar
En un clin d'oeil j'suis au comptoir
La serveuse me sert mon Ricard
Là d'ssus j'lui propose un rencard
Avant même qu'elle m'ait répondu
Un videur m'est tombé dessus
M'a viré comme un malotru
Oh qu'il est dur d'être un homme, un vrai
Décidément le monde a bien changé
Oh qu'il est dur d'être un homme, un vrai
Décidément le vent a mal tourné
Je décide enfin pour me r'faire
D'aller voir une ex-partenaire
Je pense que j'peux encore lui plaire
Suffit que j'commette pas d'impair
Lorsqu'elle m'ouvre la porte de chez elle
Elle est dans les bras d'une belle
Vêtue d'une chemise arc-en-ciel
Que ce monde est cruel.
La Bague
Je géocalise ma femme, je l'avoue, j'suis jaloux.
Mon Dieu que ça me calme quand elle a rendez-vous.
J'peux savoir si elle est chez sa copine Mylène
Et pas chez l'enfoiré qui lui lit des poèmes.
Dans sa bague de fiançailles, un micro, un mouchard,
Un système sans faille, d'une précision rare.
J'peux savoir ce qu'elle fait à chaque instant du jour
Et si cet enfoiré ne lui fait pas la cour.
Je scrute sur mon écran ses allers, ses retours.
J'identifie les gens quelle côtoie tous les jours.
J'peux savoir si elle est bien chez l'esthéticienne
Et pas chez l'enfoiré qui lui dit des "je t'aime".
Aujourd'hui je panique, ma femme s'en est allée.
Sur la nappe en plastique je vois sa bague briller.
A côté, une lettre m'est adressée
Et je lis que peut-être, j'devrais me faire soigner.
Il y a déjà trois mois que ma femme m'a quitté,
J'l'imagine dans les bras de ce bel enfoiré.
J'en ai pris mon parti et je préfère en rire,
Avec cet abruti, elle n'a aucun av'nir.
Depuis j'ai rebondi et j'ai fait la rencontre
D'une jolie Emilie, oh j'y trouve mon compte!
Séduisant, détendu, je l'honore de mes blagues
Et le moment venu, j'lui offrirai la bague.
Les Normes ISO
Dans un moment de désespoir
J'ai branché ma télévision
C'était l'heure du journal du soir
J'ai suivi les informations
Je regardais d'un oeil distrait
Le sujet sur les cachalots
Quand soudain ils ont diffusé
Un dossier sur les normes ISO
Ils ont affirmé que ces normes
Etaient des gages de qualité
J'ai rêvé d'un monde conforme
Où l'on aurait tout certifié
Ce fut une révélation
Comme y en a peu dans l'existence
Et à la normalisation
J'ai choisi d'prêter allégeance
J'ai commencé par mon épouse
Je l'ai toujours trouvée trop grande
Elle fait un mètre quatre-vingt-douze
C'est beaucoup trop pour une normande
Je lui ai raboté les pieds
Au début ça lui a pas plu
Mais une fois normalisée
Elle s'est très vite détendue
J'ai enchainé avec mon fils
Ce grand ado dégingandé
Il a la peau pas vraiment lisse
Et le visage truffé d'acné
Il a tout d'abord protesté
Quand j'lai travaillé au cuter
Depuis qu'il est normalisé
Auprès des filles il fait fureur
Les normes ISO ont bouleversé ma vie
Dans le chaos, elles sont source d'harmonie
J'me suis occupé de mon chien
Quand j'dis mon chien il faut l'dire vite
Il a vraiment pas l'air malin
Avec ses deux oreilles qui r'biquent
J'ai cru qu'il allait me bouffer
Quand j'l'ai travaillé au burin
Depuis qu'il est normalisé
C'est la star des concours canins
Je m'en suis pris à mon voisin
Un genre de beatnik attardé
Le style de gars qui le matin
Fait du yoga au lieu d'bosser
J'me suis chargé de le coiffer
Je lui ai fait une coupe ISO
Depuis qu'il est normalisé
Il a retrouvé du boulot
Les normes ISO ont bouleversé ma vie
Dans le chaos, elles sont source d'harmonie
Une fois que j'en ai eu fini
De mettre tout le monde à la norme
J'me suis quand même demandé si
J'étais moi même bien conforme
J'ai foncé au centre de santé
Au volant de ma grosse bagnole
Au lieu de me normaliser
On m'a passé une camisole.